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Histoire(s) de Wambrechies

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Théo Hooreman vous emmène en Histoire locale. Voici son premier voyage, à la rencontre de l'ancienne corderie Walle en compagnie d’Yves-Louis Walle, fils du dernier co-gérant de l’usine.

Publié le 11 avril 2022
Théo Hooreman

Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire. Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.

Il vous invite à remonter le temps 120 ans en arrière, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies. Voici la première, avec Yves-Louis Walle, fils de Louis Walle, dernier co-gérant avec son cousin Robert de la fameuse Corderie Walle, autrefois installée dans le quartier du Vent de Bise, à l’angle de la rue de Quesnoy et de la rue du Pont-Levis.

Entête des factures reprenant le dessin de la corderie | © Fonds Y-L Walle

Théo Hooreman : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette corderie, aujourd’hui disparue ?

Yves-Louis Walle : La première usine Walle datait de 1780. En réalité, elle s’est réellement développée dans les années 1880, au même titre que d’autres industries locales sur Wambrechies. 

Elle fabriquait alors des ficelles et des cordes en jute, sisal, chanvre et lin à destination d'autres industries.

Les cordes servaient à relier la machine à vapeur centrale aux autres machines de l’usine, à l’aide de poulies. 

Pour les particuliers, les ficelles étaient utilisées pour les emballages.

La corderie se trouvait à l'angle des rues du Pont-Levis et de Quesnoy (cercle jaune)

C’est avant la Première Guerre mondiale, que l’usine connaît son apogée qui durera plusieurs années, jusqu’au milieu des années 1950.

Combien de personnes travaillent à la corderie ?

Pas moins de 180 personnes au début du XXème siècle, femmes et hommes. Ils étaient logés à proximité de leur lieu de travail, dans des maisons ouvrières construites du Vent de Bise par la famille Walle pour ses ouvriers.

Comment était agencée l’usine ?

Il y avait une salle de chauffe centrale fonctionnant au charbon et plusieurs salles de travail dans lesquelles étaient confectionnées les ficelles et les cordes. Des toitures à sheds permettaient de laisser passer la lumière naturelle.

Il y avait ensuite les bureaux, une cour, une grande cheminée, des entrepôts de stockage et un grand jardin périphérique !

Au centre était planté un tilleul finement taillé. La famille y installait parfois un plancher afin d’y prendre les repas dominicaux.

La chapelle intégrée à l'usine | © Fonds Y-L Walle

Par son caractère exceptionnel, cet arbre est très vite devenu l’emblème de la corderie et figurait sur les entêtes de toutes ses factures.

Une photo ancienne nous montre l’existence d’une chapelle intégrée à l’usine qui donnait sur la rue de Quesnoy. Pouvez-vous nous en parler ?

La religion catholique occupait à cette époque une place importante dans la vie locale.

La famille organisait donc chaque année, avec la paroisse, une procession aboutissant à cette chapelle aujourd’hui disparue.

Que s’est-il passé à la corderie en 1914 et en 1936 ?

En 1914, l’usine est occupée par l’armée allemande et les machines réquisitionnées pour être fondues au profit de l’effort de guerre allemand (cuivre pour la fabrication d'obus).

1936 marque l’arrivée du Front populaire au pouvoir, coalition des partis de gauche. Pour faire pression sur les patrons, plusieurs usines de Wambrechies sont occupées comme la linière Nicolle et la corderie Walle.

Que s’est-il passé ensuite pour la corderie ?

Après la Seconde Guerre mondiale, l’usine subit une hausse de la concurrence étrangère. De nouvelles technologies apparaissent comme ruban adhésif. Cela amène un déclin progressif de l’usine qui ferme définitivement à la fin des années 1960.

Les ouvriers de la corderie pendant la grève pacifique de 1936 | © Fonds Y-L Walle

Dès 1966, la fermeture est programmée pour permettre le reclassement des 20 ouvriers qui y travaillaient encore.

 

Appel à témoignages

Théo Hooreman poursuit la collecte de témoignages sur l'histoire de Wambrechies et recherche les descendants des anciens maires Louis Cavle et Gaston Picavet, des industriels Claeyssens, Prate et Becquart-Crespel.

N'hésitez pas à le contacter par courriel à theohooreman@gmail.com