Partons à la rencontre d'Achille Dejonghe, ancien éclusier du centre-ville, raconté par son petit-fils Jean-François Semail.
Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire. Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.
Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.

Théo Hooreman : Quelle a été la vie de votre grand-père avant 1918 ?
Jean-François Semail : Mon grand-père est né en 1891 à Deûlémont où il commence à travailler comme ouvrier de ferme.
En 1911, comme tous les jeunes hommes de son âge, il part faire son service militaire. Celui-ci se termine mais la guerre vient d'être déclarée donc il repart aussitôt pour 4 années.
Gravement blessé à la tête par des éclats d'obus en juillet 1918, il est ramassé sur le champ de bataille dans la Marne et soigné au Val de Grâce à Paris.
Achille Dejonghe perd son œil gauche et garde des éclats d'obus dans la tête. Il est ensuite décoré de la Légion d'Honneur, la médaille militaire et la Croix de Guerre avec palme.
Lors de sa convalescence à Paris, sa cousine germaine Adeline Delannoy, vient le voir régulièrement. Un an plus tard, avec l'autorisation papale, le couple se marie.
Comment se déroule son activité d’éclusier ?
Du fait de son invalidité, Achille Dejonghe bénéficie d'un emploi réservé comme facteur puis éclusier à Wambrechies.
En 1924, mon grand-père, alors éclusier de Sainte-Hélène, est affecté à Wambrechies en remplacement de monsieur Bruno parti en retraite.
Son travail consiste alors à manœuvrer l'écluse et le pont-levis pour faire passer les péniches comme il se doit vers la France ou vers la Belgique. Il réside sur place avec sa famille, dans la maison de fonction située à l’emplacement actuelle du pont fixe.
Il laissera sa place en 1952, à l’âge de prendre sa retraite.

Comment se présentent l’écluse et le pont-levis ?
La Deûle, au départ un cours d’eau sinueux, se canalise au cours du XIXe siècle pour permettre le transport fluvial.
Son tirant d’eau de 2 à 3 mètres impose la construction de plusieurs écluses.
Les premières prennent la forme de grands bassins dans lesquels peuvent stationner un grand nombre de bateaux.
En 1823, l’écluse de Wambrechies est réaménagée puis le pont-levis. Ils sont au cœur de la vie wambrecitaine puisque les habitants ont à les traverser au quotidien parfois au prix d’une attente jugée interminable.
Le chemin de halage, qui n’était pas un lieu de promenade, est alors utilisé par les chevaux qui tirent les péniches. Il faut savoir que le canal n’avait rien de plaisant tant l’odeur qui s’en dégageait était nauséabonde.
Avez-vous une anecdote à partager ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, mes grands-parents achètent au « marché noir » des produits alimentaires auprès des bateliers qui venaient de Belgique comme du sucre, du beurre, du café, de la farine...