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Histoire(s) de Wambrechies #7

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Partez à la rencontre de Pauline Philippo dite soeur Brigitte, racontée par son petit-neveu Daniel Wicquart.

Publié le 27 décembre 2023

Chargé de mission et de médiation culturelle et pédagogique à La Coupole, Centre d'Histoire et de Mémoire du Nord-Pas-de-Calais, Théo Hooreman est aussi un Wambrecitain passionné d'Histoire.

Vous l'avez peut-être déjà rencontré lors d'une visite guidée de la Distillerie, du fort du Vert Galant, ou en vous rendant au Musée de la Résistance de Bondues.

Il vous invite à remonter le temps, à la rencontre de certains grands personnages qui ont fait l'histoire de Wambrechies.

Soeur Brigitte, au centre © Daniel Wicquart

Théo Hooreman : pouvez-vous nous présenter Pauline Philippo ?

Daniel Wiquart : Pauline Philippo est née le 7 novembre 1875 au hameau du Vert-Galant à Wambrechies, dans une famille de 7 enfants. Elle entre dans les ordres à l’âge de 21 ans, en 1896, chez les sœurs de la Providence de Rouen et prend le nom de « sœur Brigitte ».

Elle nous a laissé un témoignage exceptionnel sur la vie à Wambrechies pendant la Première Guerre mondiale…

Pendant la guerre, sœur Brigitte tient un journal que je garde précieusement où elle consigne jour après jour, son quotidien pendant l’occupation allemande de la Première Guerre mondiale. Elle le rédige entièrement à la plume.

Sœur Brigitte y évoque l’arrivée des Allemands à partir d’octobre 1914 et le passage régulier des troupes qui se rendent sur le front de la Lys. Elle raconte les bruits des bombardements, les exigences allemandes, les pénuries, les réquisitions…

Extrait de son journal (1914)

En voici quelques extraits datés de 1914 : « 4 soldats entrent et s’installent à manger autour de la table, ils ont un appétit féroce. » ; « Les Allemands préparent grandement la fête de Noël : un immense sapin est à l’église, il est enfoncé dans la bouche d’air du calorifère, près du banc de communion. » ; « Cet après-midi, une centaine d’Anglais sont passés aussi, ainsi qu’une grande quantité de blessés Allemands. » Elle écrit en 1916 : « Une dizaine d’obus sont tombés sur et autour du Fort sans occasionner de grands dégâts, nous avons des éclats dans le jardin ».

Sœur Brigitte choisit pendant cette période difficile de faire la classe chez elle, au Vert-Galant, pour un groupe d’enfants du quartier.

Comme une partie importante des Wambrecitains, elle est poussée à l’exil en 1917 car l’occupant ne peut plus nourrir à la fois les troupes et les habitants. Elle rejoint donc en train Neufchâteau, dans le sud de la Belgique. Elle garde avec elle son carnet qu’elle continue de compléter jusqu’en 1919.

Que fait-elle après la guerre ?

Elle reste à Wambrechies pour soigner ses parents. Cela était la tradition à l’époque et faisait partie des missions des religieuses. Après le décès de ses parents, elle devient en 1931 directrice d’un pensionnat à Berles-Monchel, dans le Pas-de-Calais. Elle fait de nouveau la classe à une quinzaine de jeunes filles pensionnaires du secteur. Elle dort avec les élèves dans un grand dortoir sans chauffage et sans eau chaude. Nous nous y rendions régulièrement avec mes parents et y passions souvent une semaine entière.

Sœur Brigitte connait ensuite une autre guerre…

Elle traverse la Seconde Guerre mondiale à Berles-Monchel. Elle reprend pour l’occasion son carnet et n’écrit qu’une page pour annoncer le déclenchement de la guerre.

Extrait de son journal (1939)

Vers 1943-44, un pilote allié tombe dans son village. Il se rend au presbytère où le curé l’amène chez le maire. Ce dernier rend visite à sœur Brigitte pour qu’elle héberge le pilote au pensionnat.

Consciente du danger que cela pourrait représenter pour les enfants, elle préfère l’orienter vers un commerce « Chez Mathilde » qui cachera l’homme aux étages pendant le reste de l’Occupation.

En juin 1946, est organisée une grande fête à l’occasion de ses 50 ans de vie de religieuse. Cette dernière rassemble tous les membres du village et l’évêque d’Arras qui y a célébré la messe en son honneur, c’est dire combien elle a marqué tant les habitants de Wambrechies que Berles-Monchel.  

 

Appel à témoignages

Théo Hooreman poursuit sa collecte de témoignages sur l'histoire de Wambrechies. Il est à la recherche de cartes postales, photos et documents anciens de Wambrechies. N'hésitez pas à le contacter par courriel à theohooreman@gmail.com